Premier assureur africain du développement, l’Assurance pour le Développement du Commerce et de l’Investissement en Afrique (ATIDI) s’impose comme un acteur clé de la souveraineté économique du continent. En marge de l’Africa Investment Forum (AIF) tenu du 26 au 28 novembre 2025 à Casablanca, son Directeur général, Manuel Moses, a accordé une interview exclusive à Financial Afrik. Il y explique comment ATIDI mobilise des capitaux grâce à des garanties innovantes, soutient la ZLECAf et contribue à combler les déficits infrastructurels.
Une institution stratégique au service de la confiance
Fondée en 2001 par des États africains, avec le soutien de la COMESA et de la Banque mondiale, ATIDI fédère aujourd’hui 24 États membres et 13 actionnaires institutionnels. La BAD, entrée au capital en 2013, compte parmi les plus influents.
Manuel Moses résume l’enjeu d’une formule directe :
« Sans confiance, pas de capitaux patients ni d’intégration économique. »
Depuis sa création, l’institution a déjà facilité 85 milliards USD d’investissements. Elle couvre les risques politiques, le risque crédit et les cautions. Son objectif est clair : sécuriser les projets transfrontaliers et favoriser l’investissement privé.
Trois outils clés pour soutenir l’agenda économique africain
RLSF : sécuriser les producteurs d’énergie propre
La Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF) a été créée avec KfW et Norad.
Elle protège les producteurs d’énergie renouvelable contre les retards de paiement des acheteurs publics.
Résultat : 433,5 millions USD mobilisés et 223 MW d’énergie propre sécurisés.
PoRSA : faciliter le financement des PME
L’Accord de Partage des Risques de Portefeuille (PoRSA), soutenu par l’Union Africaine et KfW, sécurise les crédits destinés aux PME.
Un enjeu vital, puisqu’elles représentent jusqu’à 90 % des emplois dans plusieurs pays africains.
RCTG : accélérer le commerce intra-africain
La Garantie Régionale pour le Transit Douanier (RCTG) est portée avec Africa-Re, Afreximbank et Zep-Re.
Elle fluidifie le transit des marchandises et soutient la ZLECAf en réduisant les coûts logistiques.
Ces instruments permettent aussi des financements mixtes stratégiques :
- 159 millions USD pour Ethiopian Airlines (avec la BAD),
- 500 millions USD pour un portefeuille non souverain,
- et un soutien croissant au Pacte Lusophone (LDC), appelé à devenir un hub d’intégration économique.
Vers un guichet unique panafricain du financement du développement ?
Le continent a besoin de 170 milliards USD par an pour ses infrastructures (énergie, eau, transport). Pourtant, il ne capte que 6 % des IDE mondiaux.
Pour combler cet écart, Manuel Moses plaide pour un guichet unique combinant assurance, garanties et cofinancement.
ATIDI renforce déjà ses alliances :
– BAD
– Union Africaine
– BEI
– CESCE
– SACE
– Turk EximBank
Objectif : créer des solutions continentales harmonisées et capables de soutenir les grands projets.
À l’AIF, ATIDI a réaffirmé son rôle stratégique aux côtés de la BAD, notamment dans ses échanges avec Sidi Ould Tah, pour aligner ses produits sur les priorités africaines.

« Nous ne sommes pas un filet de sécurité, mais un accélérateur. »
— Manuel Moses, DG ATIDI
Une Afrique qui transforme le risque en opportunité
Dans un contexte mondial instable, ATIDI agit comme un moteur de confiance pour les investisseurs. En transformant les risques en leviers d’intégration, l’institution contribue à bâtir une Afrique souveraine, mieux financée et tournée vers l’avenir.
225assurances – Le site d’information N°1 de l’Assurance au Sénégal et en Afrique 04 décembre 2025

