La présidence de la Fanaf, nouvel enjeu stratégique pour l’assurance en Afrique francophone

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La Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf) est devenue un enjeu stratégique majeur pour les acteurs du secteur de l’assurance en Afrique francophone, suscitant un vif intérêt de la part de groupes comme SanlamAllianz, Sunu, AFG et Activa. Cette attention inédite s’explique par plusieurs facteurs liés à la montée en puissance du marché africain de l’assurance, à la consolidation des acteurs et à la volonté d’influencer les orientations d’une fédération qui regroupe 205 compagnies d’assurances et de réassurance.

Traditionnellement peu médiatisée, l’élection à la présidence de la Fanaf attire désormais une campagne intense avec des sites internet dédiés, des professions de foi travaillées et de nombreux rendez-vous officiels. Cette mobilisation traduit l’importance stratégique que représente la Fanaf pour les compagnies, qui y voient un levier pour renforcer leur influence sur les politiques sectorielles et la régulation du marché.

SanlamAllianz se distingue notamment par sa récente fusion interne visant à renforcer ses capacités opérationnelles au Sénégal et dans la sous-région. Ce groupe affiche une stratégie claire d’expansion via des acquisitions ciblées qui lui permettent de consolider sa position sur le marché local tout en préparant son influence au niveau continental.

Sunu est un acteur dominant dans la région, affichant des résultats d’exploitation très solides, notamment un chiffre d’affaires de 12,3 milliards de FCFA (environ 19 millions d’euros). Ces performances économiques renforcent leur position dans la course à la présidence de la Fanaf, car elles leur donnent une légitimité financière et opérationnelle pour Sunu, un des leaders régionaux. 

Le marché africain de l’assurance est en pleine croissance, porté par une augmentation de la demande liée à l’urbanisation, à la classe moyenne émergente et à une meilleure éducation financière. Le Sénégal, par exemple, est passé de la 4e à la 2e place dans l’UEMOA en chiffre d’affaires d’assurance, illustrant cette dynamique positive. Cette croissance attire des groupes internationaux et régionaux qui cherchent à consolider leur présence et à capter une part plus importante du marché.

Par ailleurs, la Fanaf joue un rôle clé dans la coordination des acteurs et la représentation des intérêts des compagnies auprès des régulateurs et des institutions internationales. Contrôler cette fédération permettrait donc d’influencer les normes, les pratiques et les politiques publiques dans un secteur en pleine mutation, notamment avec les enjeux liés à l’assurance chômage et à l’inclusion financière.

Enfin, cette compétition pour la présidence de la Fanaf reflète aussi une tendance plus large de concentration et d’acquisition dans le secteur de l’assurance en Afrique, où des groupes comme Sunu et NSIA multiplient les opérations pour renforcer leur portefeuille et leur couverture géographique.

En résumé, le vif intérêt pour la Fanaf s’explique par la combinaison d’une croissance rapide du marché africain de l’assurance, la volonté des grands groupes d’affirmer leur leadership régional, et l’importance stratégique de la fédération comme plateforme d’influence et de régulation sectorielle. Cette élection, bien que technique, est donc scrutée comme un indicateur clé des équilibres futurs du secteur en Afrique francophone.

221assurances – 24 juillet 2025

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