Malgré une progression notable de son chiffre d’affaires, le secteur de l’assurance sénégalais peine à jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie nationale et la protection sociale. La FSSA appelle à une réforme structurelle pour libérer tout son potentiel.
À l’ouverture du premier Salon de l’assurance vie, organisé les 8 et 9 mai à Dakar, la présidente de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (FSSA), Oumou Niang Touré, a lancé un appel à la mobilisation. Selon elle, le marché sénégalais de l’assurance, bien qu’en croissance, reste en décalage avec les attentes socio-économiques du pays. Elle a souligné l’urgence d’engager une transformation en profondeur du secteur.
Parmi les leviers évoqués, Mme Touré a mis en avant la nécessité de défiscaliser les produits d’assurance vie afin de stimuler l’épargne des ménages et renforcer la contribution du secteur aux investissements nationaux. Elle a insisté sur l’importance d’une régulation plus souple, d’une fiscalité incitative, et de synergies accrues entre institutions publiques et privées.
L’assurance vie, thème central de cette édition placée sous le signe de la souveraineté économique et sociale, est perçue comme un outil stratégique de mobilisation de l’épargne à long terme. Contrairement à l’assurance dommages, elle permet de collecter des ressources financières durables, injectées ensuite dans l’économie via des placements encadrés par le code CIMA.
En 2024, les compagnies d’assurances sénégalaises ont généré un chiffre d’affaires de 291 milliards de FCFA, contre 272 milliards en 2023, soit une progression de 7 %. Les prestations versées ont également augmenté, atteignant 133 milliards de FCFA, contre 119 milliards l’année précédente, traduisant une hausse de 11 %. Ces chiffres excluent toutefois les frais de gestion et commissions versées par les assureurs.
Les investissements des compagnies se sont établis à 599,17 milliards de FCFA en 2023, en hausse de 17,6 % par rapport à 2022. Cette progression est en grande partie attribuable aux placements dans les titres d’État (+39 %) et aux dépôts bancaires (+15 %), représentant une croissance globale de 90 milliards de FCFA.
Présent au Salon, Bamba Ka, directeur général du secteur financier au ministère des Finances et du Budget, a souligné que l’État sénégalais, confronté à des contraintes budgétaires, mise fortement sur le secteur assurantiel pour financer ses politiques publiques. Il a rappelé que la mobilisation de l’épargne intérieure — y compris celle des assurés — est désormais considérée comme un pilier central de la stratégie de financement national.
Malgré ces chiffres prometteurs, la FSSA déplore que l’assurance sénégalaise n’ait pas encore pleinement endossé son rôle de moteur économique et social. Un message fort adressé aux décideurs pour faire de ce secteur un véritable outil de transformation pour une Afrique résiliente et inclusive.
221assurances, l’information de l’assurance au Sénégal – 14 mai 2025