SanlamAllianz, né de la fusion entre l’assureur sud‑africain Sanlam et le groupe allemand Allianz, affiche une stratégie d’expansion panafricaine ambitieuse, mais cette trajectoire se heurte à un risque de change croissant et à des défis réglementaires et opérationnels propres aux marchés africains. Selon plusieurs sources, comme celle du média jeuneafrique,la maison-mère ajuste sa présence sur le continent — y compris des cessions ciblées de filiales — pour gérer ces risques et optimiser son empreinte régionale.
Contexte et genèse du groupe
La création de SanlamAllianz résulte de la mise en commun d’actifs et d’expertises entre Sanlam et Allianz afin de constituer un champion des assurances sur le continent africain, capable de proposer des solutions intégrées (vie, non‑vie, réassurance, bancassurance) et d’exploiter des synergies commerciales et techniques. Cette consolidation répond à la fois à l’attractivité des marchés africains — forte croissance démographique, sous‑pénétration de l’assurance, digitalisation des services — et à la nécessité d’échelle pour absorber les coûts technologiques et capitalistiques inhérents au secteur.
Ambitions panafricaines et réalisations
SanlamAllianz a multiplié les opérations d’acquisition et de fusion locale, cherchant à s’implanter dans des marchés clés d’Afrique de l’Ouest, Centrale et Australe, tout en développant des offres numériques et des partenariats locaux pour améliorer l’accès à l’assurance (microassurance, produits agricoles et inclusifs) et capter la croissance des classes moyennes urbaines. Le groupe s’est imposé dans plusieurs pays où il figure parmi les principaux assureurs, et ses marques locales sont souvent issues d’anciennes entités nationales acquises et intégrées à la nouvelle plateforme régionale.
Le risque de change : nature et ampleur
Le risque de change est multiple pour un groupe panafricain : il comporte d’abord un risque opérationnel (flux de primes et indemnisations libellés en monnaies locales), un risque de bilan (actifs et passifs libellés dans des devises différentes) et un risque de translation (consolidation des comptes en euros ou rands) lors de la présentation des résultats consolidés. Dans des économies où la volatilité des monnaies locales est élevée, où la liquidité en devises étrangères est parfois contrainte, et où l’inflation peut éroder les valeurs nominatives, ces risques pèsent fortement sur la rentabilité et sur la solvabilité réglementaire des filiales locales.
Manifestations concrètes et réponses stratégiques
Plusieurs indices montrent que SanlamAllianz adapte sa stratégie pour mitiger ces risques. D’une part, le groupe a engagé des cessions ciblées — notamment la préparation d’une cession de sa filiale nigérienne — ce qui traduit une approche sélective du portefeuille géographique et une volonté de désengager des marchés perçus comme plus exposés aux tensions macroéconomiques ou politiques.
D’autre part, le groupe développe des structures de gouvernance et de gestion de risques renforcées, intégrant la gestion de la liquidité en devises, l’ajustement des produits (indexation partielle des contrats à l’inflation ou à un panier de devises) et l’utilisation d’instruments de couverture lorsque le marché le permet. Ces mesures cherchent à stabiliser les marges locales et à préserver les ratios réglementaires au niveau du groupe.
Contraintes et limites des stratégies de couverture
La couverture du risque de change en Afrique rencontre des limites pratiques : marchés de dérivés peu profonds, coûts de couverture élevés, réglementation des changes et contrôles de capitaux dans certains pays, et disponibilité limitée de contreparties fiables en monnaie forte. Par conséquent, la gestion du risque s’appuie souvent sur une combinaison de mesures opérationnelles (matching des devises sur les flux entrants et sortants, renégociation des clauses contractuelles) et de décisions stratégiques (repositionnement géographique, alliance locale, ou cession d’actifs) plutôt que sur une dépendance totale aux instruments financiers.
Impacts sur la stratégie commerciale et produits
Le risque de change influe sur la conception des produits : SanlamAllianz et autres assureurs adaptent les modalités de tarification, les indexations et les garanties offertes pour limiter l’exposition aux monnaies locales instables. Sur certains segments (assurance agricole, microassurance), la tarification doit rester abordable, ce qui contraint la capacité à répercuter intégralement les risques de change sur les assurés et oblige les assureurs à innover sur la mutualisation des risques et l’usage de données pour mieux calibrer les primes.
Conséquences sur l’investissement et la réassurance
La volatilité monétaire réduit aussi l’appétit pour certains investissements locaux en monnaie nationale et pousse le groupe à privilégier des placements en devises fortes ou en actifs moins corrélés aux cycles locaux. En réassurance, la stratégie peut inclure la cession de portions de risque à des réassureurs internationaux ou la structuration de programmes multi‑campagne libellés en devises fortes, ce qui protège la solvabilité globale mais peut augmenter le coût du transfert de risque.
Enjeux réglementaires et relation avec les autorités locales
La présence d’un grand groupe étranger soulève des enjeux réglementaires : exigences de fonds propres en monnaie locale, contraintes sur la rapatriation des dividendes, et attentes des régulateurs locaux en matière de protection des assurés. Ces facteurs poussent SanlamAllianz à dialoguer étroitement avec les autorités et parfois à adapter son montage juridique (co‑entreprises, partenariats locaux, renforcement du capital social local) pour concilier conformité réglementaire et efficience économique.
Scénarios d’avenir et recommandations stratégiques
Trois scénarios plausibles émergent pour SanlamAllianz en Afrique:
– Consolidation sélective : poursuivre la concentration sur des marchés à forte profondeur et limiter l’exposition dans les zones à forte volatilité monétaire via des cessions ciblées, comme la cession nigérienne évoquée.
– Renforcement des mécanismes de couverture et d’ingénierie produit : développer des solutions d’indexation, des produits hybrides et des mécanismes d’épargne‑assurance qui réduisent l’exposition nominale aux monnaies locales.
– Intégration locale renforcée : accroître les partenariats locaux et la délégation opérationnelle (distribution digitale avec acteurs mobiles, bancassurance locale) pour mieux aligner revenus et coûts en monnaies locales, tout en conservant la gestion stratégique (capital, réassurance) au niveau du groupe.
Pour réussir, ces orientations nécessitent:
– Une gouvernance de change centralisée au niveau du groupe, capable de définir des politiques de couverture harmonisées tout en laissant une marge d’adaptation locale.
– Des investissements continus dans la data et la tarification dynamique pour calibrer les primes face à l’inflation et aux fluctuations monétaires.
– Une approche proactive de gestion des relations avec les régulateurs et les partenaires locaux pour sécuriser les opérations et limiter les risques de réputation et opérationnels.
Limites et points d’attention
Les informations publiques récentes soulignent des opérations de cession et des ajustements structurels, mais les détails opérationnels et la profondeur des instruments de couverture utilisés par SanlamAllianz ne sont pas toujours divulgués publiquement, ce qui limite la visibilité sur l’efficacité réelle des mesures de gestion du risque de change. Les marchés africains restent hétérogènes: une solution pertinente dans un pays peut être inapplicable ailleurs en raison de différences réglementaires et de liquidité.
SanlamAllianz incarne dons l’ambition d’un grand assureur panafricain — tirant parti d’économies d’échelle et d’un portefeuille diversifié — mais cet objectif reste confronté au défi majeur du risque de change et à des contraintes locales qui imposent prudence, flexibilité et innovation. Le groupe semble répondre par une stratégie combinant cessions sélectives, renforcement des capacités de gestion des risques et adaptation des produits, tout en reconnaissant les limites pratiques des outils de couverture sur de nombreux marchés africains.
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