Avec une prime moyenne par habitant largement inférieure aux moyennes africaine et mondiale, le secteur de l’assurance au Sénégal fait face à de nombreux défis. Réunis à Saly, les acteurs de l’assurance, encadrés par l’OQSF et la Direction des Assurances, appellent à une amélioration des pratiques et à une éducation financière renforcée pour dynamiser ce pilier de l’économie.
Avec une prime moyenne annuelle de 12 899 F CFA par habitant, soit près du tiers de la moyenne africaine (35 000 F CFA) et très loin des 554 317 F CFA constatés au niveau mondial, l’assurance au Sénégal affiche encore un net retard. Ce constat a été mis en lumière lors d’un atelier organisé à Saly par l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) et la Direction des Assurances.
L’objectif de cet atelier était de partager les résultats de la troisième enquête nationale sur la qualité des services d’assurance, menée en 2024. Les discussions ont souligné l’importance de renforcer l’attractivité du secteur en améliorant la qualité des services pour fidéliser les assurés existants et conquérir de nouveaux segments de clientèle.
D’après Momar Diop, président du Conseil d’orientation de l’OQSF, le Sénégal peine encore à se positionner avantageusement au sein de l’UEMOA. Il appelle l’État ainsi que les compagnies d’assurance à intensifier leurs efforts, en revoyant la qualité des produits proposés et en améliorant la communication avec les clients.
Malgré une progression encourageante du chiffre d’affaires — passé de 243 milliards F CFA en 2022 à 290 milliards F CFA en 2024, soit une hausse de 10 % en trois ans —, le taux de pénétration du secteur reste faible à 1,46 %. À titre de comparaison, il atteint 3,3 % en moyenne en Afrique et 8 % à l’échelle mondiale. Toutefois, une dynamique positive se dessine : le Sénégal est désormais troisième en chiffre d’affaires dans l’UEMOA, derrière la Côte d’Ivoire, et occupe même la deuxième place en termes de progression.
La gestion des sinistres reste cependant l’un des talons d’Achille du secteur. Selon Pape Amadou Diagne, secrétaire exécutif de l’OQSF, les compagnies doivent impérativement améliorer les délais de règlement des sinistres et aligner leurs produits sur les réels besoins des populations. L’amélioration de la qualité de service est identifiée comme un levier central pour renforcer l’éducation financière et restaurer la confiance.
Aliou Badara Ndiaye, commissaire contrôleur représentant la Direction des Assurances, a insisté sur le rôle des contrôles réguliers pour garantir la conformité des services aux normes réglementaires. Ces vérifications doivent protéger avant tout les assurés et les bénéficiaires de contrats, tout en stimulant une dynamique positive dans le secteur.
Enfin, l’enquête ESUA-2024 identifie plusieurs causes structurelles à la faiblesse de la densité d’assurance : un pouvoir d’achat limité, des préjugés socioreligieux tenaces, ainsi que des dysfonctionnements internes aux compagnies. Autant de défis à relever pour espérer rapprocher, à moyen terme, le marché sénégalais des standards continentaux et mondiaux.
221assurances, le site d’information de l’assurance au Sénégal – 27 avril 2025